Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/347

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Ma princesse, quel mal est digne de vos larmes ?
Je voy teintes de sang et vos mains et vos armes,
Reprit-elle en soupirs, d’un visage blesmy.
Tout ce sang, luy dit-il, n’est que de l’ennemy.
Mais il m’en faut encore, et pousser la deffaite,
Puisque vostre vangeance encor n’est pas parfaite.
J’ay combattu pour vous les hommes à vos yeux :
Et pour vous cette nuit j’ay combattu les dieux.
Apres un tel assaut, rien ne m’est indomptable.
Mais j’en reserve au soir le recit agreable.
Et pour vous j’ay souffert les fers de Gondebaut,
Dit-elle : de la mort j’ay soustenu l’assaut,
De mon sang répandu non encore assouvie :
J’ay combattu le prince à qui je dois la vie :
Et quand il m’a promis le bonheur de vous voir,
Encor j’ay combattu ; puis qu’avec cet espoir,
Mon esprit deffiant a souffert mille craintes,
Qu’il ne me fist parer pour des nopces contraintes.
Vos combas, reprend-il, ont surmonté les miens.
Que de charmes je gouste en vos doux entretiens !
Mais de quitter vos yeux ma vangeance me presse.
Pour achever de vaincre, il faut que je vous laisse.
Il regarde ses chefs autour d’eux ramassez,
Et les chevaux du char, par son ordre avancez.
Qu’Amalgar et sa troupe accompagnent la reine,
Dit-il : que dans le camp seûrement il la meine.