Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/351

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Il repasse en son cœur d’une ville la prise,
Le gain d’une bataille, et Clotilde conquise ;
Tant de gloire en peu d’heure ; et roule en ses projets,
D’avoir bien-tost la Saône et le Rhône sujets.
Mais que l’heur est de pres suivy du malheur blesme !
Et que l’on void souvent, que la victoire mesme,
Pompeuse, aux ailes d’or, au chef orné de fleurs,
Ameine apres ses pas les plus vives douleurs !
Ainsi ce grand romain, qui sceût dompter et prendre
Le dernier possesseur du trône d’Alexandre,
Triomphoit glorieux des peuples déconfis :
La mort en mesme char triomphoit de son fils.
Le prince dans son cœur s’élevoit un trophée.
La troupe d’Amalgar, d’une course échauffée,
Vient paroistre, s’approche ; et connoissant le roy,
En plaisirs tout à coup sent changer son effroy :
Et par un triste sort, bien contraire et bien traistre,
Va changer en effroy les plaisirs de son maistre.
Quel sujet te conduit, dit le prince estonné ?
Amalgar, où vas-tu d’un cours abandonné ?
Pourquoy laisser Clotilde ? Où que me mande-t-elle ?
Je l’ay, dit-il, laissée en la garde d’Aurele.
D’Aurele ? Et tu le vois marchant à mon costé,
Dit le prince. Amalgar à l’abbord transporté,
N’ayant point veû le duc, le regarde, et se trouble.
Par l’objet surprenant, son transport se redouble.