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Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/350

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Qu’en Sicile enleva le noir dieu des enfers,
Les chevaux et le char s’élevent dans les airs.
Clotilde est effrayée ; et regarde éperduë
La terre qui paroist de plus large estenduë ;
Et le ciel sur sa teste et plus vaste et plus pur,
De qui nulle vapeur ne corrompoit l’azur.
Elle vole à l’égal des mobiles nuages :
Sous ses pieds void les eaux, les plaines, les bocages,
Les monts et les citez, qu’elle passe à l’instant :
Et d’un esprit confus dans le doute flotant,
Entre des mouvemens de tristesse et de joye,
Et craintive et contente en la celeste voye ;
Enfin, dit-elle, Aurele, où me conduisez-vous ?
En un lieu, répond-il, pour y voir vostre espoux.
Cependant le grand roy de toutes parts foudroye :
De bourguignons, de goths, par tout jonche sa voye.
Les princes, au besoin faisant ceder leur cœur,
Sont à peine échapez à sa juste fureur.
Les morts et les captifs restent seuls dans la plaine.
La troupe de ses chefs triomphant le rameine.
Du casque il se dépoüille : un zephir, à ses vœux,
Vient ressuyer son front, et ses flotans cheveux.
De l’aimable fraischeur il gouste les doux charmes.
Puis ses prompts escuyers luy détachent ses armes.
Il quitte la cuirasse ; et d’un soin glorieux,
Donne à laver le sang du fer victorieux.