Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/355

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Il m’incite à trahir mes flames legitimes.
Perdant toute justice, il m’ordonne des crimes.
Où pourra-t-on trouver l’équité sous les cieux,
Si mesme elle n’est pas dans le maistre des dieux ?
Vien, Junon, assemblons nostre fureur jalouse.
Ton espoux te trahit, et ravit mon espouse.
Dy moy le lieu du moins où je le puis chercher.
J’iray, sous quelque corps qu’il se puisse cacher,
D’un taureau, d’un lion, d’un monstre épouvantable,
Arracher à ses feux ma princesse adorable.
Ah ! Ma chere Clotilde, espoir seul de mes jours,
De qui la voix en vain m’appelle à ton secours,
Puisque mon sort cruel m’y donne tant d’obstacles,
Appelle donc ton Christ, qui fait tant de miracles.
Peut-estre que ce dieu, d’une vierge enfanté,
Vient par tout l’univers restablir l’équité ;
Et nous rend, si l’on croit les chants de la sibylle,
Le regne de Saturne, innocent et fertile.
Que me sert que le ciel me laisse tout dompter,
Si de moy triomphant triomphe Jupiter ?
Tu m’appelles, Clotilde ; et je ne puis t’entendre.
Pour toy je puis tout vaincre, et ne puis te deffendre.
O ! Honte ! Un dieu se change en l’un de mes sujets.
Devroit-il se couvrir de ces masques abjets ?
Que ne vient-il au moins la prendre à guerre ouverte,
A force contre force, à face découverte ?