Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il le cherche, et le void dans une large route.
Mais il entend du bruit : il regarde, il écoute.
Il void trembler la feüille : il s’avance, et surpris
Il oit des mots confus, des menaces, des cris ;
Puis ces propos distincts : que sert ta resistance ?
Quoy ? Seras-tu long-temps rebelle à ma puissance ?
Demon cruel, répond une plus douce voix,
Ne croy pas me soûmettre à tes impures loix.
Clovis s’émeut, et court d’une ardente vistesse,
Croyant que Jupiter veut forcer sa princesse :
Void qu’à terre et sans casque un guerrier insolent
Tient une femme à bas, dont le bras est sanglant :
Qu’il s’efforce à la vaincre ; et sur sa gorge aimable
D’un poignard menaçant tient la pointe effroyable.
Est-ce un homme ? Est-ce un dieu ? dit-il. Mais quoy ? Douter
Si dans un tel peril je la dois assister ?
Pour luy donner secours, je porterois la guerre
A toutes les grandeurs du ciel et de la terre.
Aquilon s’approchoit, quand le roy desarmé,
Respirant la vangeance en son cœur enflammé,
Jette l’œil sur l’arçon, et void luire sa hache.
Plein de joye il s’avance, et soudain la détache.
Il court sur le guerrier : son bras adroit et prompt
De la hache en deux parts luy separe le front.
L’ame sortant du corps, trouve un large passage.
Et le sang répandu couvre ce beau visage.