Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/361

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O ! Clotilde, dit-il, ô mes cheres amours,
Enfin assez à temps je t’ay donné secours.
Il efface le sang avec un linge humide.
Mais confus, pour Clotilde, il rencontre Alpheïde.
Un triste estonnement succede à son espoir.
Peut-estre un charme encor m’empesche de la voir,
Dit-il. Et si n’aguere Albione en sa rage
Avoit de ma Clotilde emprunté le visage ;
Pour abuser mes sens, un dieu peut la changer
Sous le déguisement d’un visage estranger.
Aussi-tost de ses chefs une troupe impreveuë
Accourt, et tout à coup se presente à sa veuë.
Et le duc, et Lisois, sont confus et ravis,
Et du sanglant spectacle, et de revoir Clovis.
Le monarque occupé de fureurs amoureuses,
Et de ses deïtez vaines et fabuleuses,
Enfin voyant ses chefs, à l’esprit plus rassis.
Aurele par ces mots allege ses soucis.
Je sçay que de Montan la bouche est veritable.
Elle m’avoit predit ce mal inévitable :
Mais qu’enfin de l’enfer le roy seroit vainqueur :
Qu’une ferme constance armast toûjours son cœur.
Que Clotilde auroit part à la grande victoire :
Et qu’en elle son dieu feroit briller sa gloire.
Cependant Alpheïde à le bras découvert ;
Et tasche d’arrester son beau sang qui se perd.