Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/363

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J’abandonne ma vie ; et d’un dernier effort,
Pour le moins, en mourant, je veux donner la mort.
Nos fureurs s’irritoient, quand ce guerrier arrive,
Qui regarde nos coups d’une veuë attentive.
Enfin il nous separe : et Volcade s’enfuit,
Craignant que l’incognu, par ses crimes instruit,
Ne joignit sa valeur à ma juste colere.
Cependant le soleil touchoit l’autre hemisphere.
Mon corps alloit tomber dans le sang qu’il versoit :
Mais le guerrier soigneux s’avance, et le reçoit.
De mes armes soudain sur l’herbe il me décharge :
Et de mon bras sanglant void la blessure large.
De linges et de mousse, avec un prompt secours,
Du sang que je perdois il arreste le cours.
Mon sein luy dit mon sexe : et son soin qui s’augmente,
Me découvre aussi-tost son ardeur violente.
Il me vante son rang entre tous les germains :
Qu’Algerion son prince avoit mis en ses mains
Et l’offre et le serment d’une sainte alliance,
Qu’il portoit de sa part au monarque de France.
Que son cœur sous mes loix est prest à se ranger,
Si d’un feu mutuel je le veux obliger.
Je reparts à ses vœux, que j’ay sceû reconnoistre
Qu’un feu mouroit bien-tost qu’un moment faisoit naistre.
Que mon cœur equitable apprendroit par le temps
Si le sien avoit place au nombre des constans.