Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/364

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Il me fait cent sermens : mais je demande un terme.
De la nuit cependant le voile nous enferme.
Mon corps et foible et las à besoin de repos.
Enfin à ma priere il finit ses propos.
Par respect il s’écarte. Alors dans le lieu sombre
Loin de luy je m’écoule à la faveur de l’ombre.
Durant la nuit obscure il m’a cherchée en vain,
Sondant chaque buisson des pieds et de la main.
Mais par un long soupir, je me trahis moy-mesme.
Il l’entend : il accourt d’une vistesse extréme.
Puis l’aurore chassant la tenebreuse horreur,
Son amour à ma veuë est devenu fureur.
Soudain à force ouverte à me vaincre il essaye.
Nos violents efforts ont fait rouvrir ma playe.
Et j’allois, sans mon roy conduit par mon bon-heur,
Perdre avecque mon sang, et la vie et l’honneur.
Tous admirent le prince, et la vangeance heureuse,
Et les maux qu’a soufferts son ame genereuse.
Il doute en quelle part il doit tourner ses pas :
Et par les soins du duc, fait sur l’herbe un repas.
Aussi-tost, pour sortir des terres peu hantées,
Il prend du guerrier mort les armes argentées.
Un passant void le corps sur le sable couché,
De qui le chef hideux en deux parts est tranché.
Il connoist ses habits. Ah ! Deplorable maistre,
Dit-il, jettant des cris : qui seroit donc le traistre,