Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/366

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Dans le pompeux amas de sa suite royale.
Sa fille prés de luy mille charmes estale,
Et répand alentour ses regards éclatans.
Le prince void Clovis, s’écrie en mesme temps,
Surpris à son abbord par les armes qu’il porte,
Quelle rage, Agyric, quelle ardeur te transporte ?
Pourquoy fraper les miens ? Quel crime ont-ils commis ?
Clovis alors s’arreste ; et d’un œil plus remis
Regarde et le monarque, et la belle princesse :
Void que c’est la beauté dont Venus la deesse
La nuit luy fit present par le choix de ses dieux.
Et pendant que sur elle il attache ses yeux,
Le roy germain poursuit : differe ton voyage.
Clovis guidé du ciel marche dans ce bocage.
Nos prestres par nos dieux en ont receû l’advis.
Le roy se découvrant, je suis, dit-il, Clovis.
D’Agyric tu ne vois que la dépoüille infame,
Surpris dans un forfait en forçant une dame.
Quoy ? Violer les droits dont les rois sont jaloux ?
Quoy ? Mon ambassadeur, dit le prince en courroux,
Massacré, dépoüillé ? Quel mépris, quelle injure ?
N’accuse, dit Clovis, que son ardeur impure.
Il pretendoit cacher son crime dans ce bois.
Je sçay des nations et le droit et les loix.
Il est coupable seul : modere ton courage.
Tout guerrier doit vanger un si cruel outrage.