Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/387

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Veux-tu qu’en sa puissance encore il me retienne,
En feignant que ton cœur veut vivre dans la mienne ?
Et n’es-tu pas content des maux que j’ay soufferts,
Captive en ton palais dans tes indignes fers ?
Peut-estre tu conçois une esperance vaine,
En gagnant mon amour, de surmonter ma haine ?
Contente toy, Lisois, d’avoir gagné mon cœur.
Ne croy pas de ma haine estre jamais vainqueur.
Les faveurs de ton prince ont pour toy trop de charmes.
Pour les vaincre, mes yeux sont de trop foibles armes.
Qu’esperes-tu de luy, qu’un rang soumis et vain ?
Tu peux prendre avec moy le rang de souverain ;
Et t’affranchir des noms d’ingrat et de rebelle.
Car qui n’est point sujet, ne peut estre infidelle.
Lisois sembloit dé-ja par ces mots abbatu :
Mais il répond ainsi, ranimant sa vertu.
Je n’aime rien que vous : rien que vous, ma princesse,
Ne me peut ébranler, menace, ny promesse.
Du doux trait de vos yeux je me sens enflammer ;
Et du flateur espoir que vous daigniez m’aimer.
Mais je ne dois gagner maistresse ny province,
Aux despens des sermens que j’ay faits à mon prince.
J’ay pour vous un amour tout pur et tout parfait.
Quoy ? Voulez vous le voir soüillé par un forfait ?
Que je perde l’honneur ? Que mon amour l’opprime ?
Ah ! Laissez moy l’honneur, pour vous aimer sans crime.