Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/393

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Nous devons des françois ayder la juste audace,
Qui se veulent choisir un roy de nostre race.
Qu’il sçache mes desseins, et suive mes leçons.
J’uniray ma puissance à celle des saxons.
Clovis tient loin de luy ses troupes divisées.
Celles qu’il se reserve, à vaincre sont aisées.
Il faut que vos guerriers, dont il fait son appuy,
Au plus fort du combat se tournent contre luy :
Joignant à ce dessein les marses, les bructeres,
Qui pour ne se voir plus ou serfs, ou tributaires,
Trouveront ce temps propre à vanger leur mal-heur ;
Et pourront sur le champ opprimer sa valeur.
Il faut que son grand cœur sous nos forces succombe.
J’éleve à Cloderic un trône sur sa tombe :
Et le vieux Sigisbert, languissant de ses coups,
De voir regner son fils ne sera pas jaloux.
Les valeureux saxons, contens de leur vangeance,
Nous laisseront le Rhein, pour bornes de la France.
Tu dois, pour ce projet, réveiller tes esprits,
Dont ma fille et mes biens seront le juste prix.
Le prince avec plaisir oyt ces raisons plausibles :
Dé-ja se croit vainqueur des françois invincibles :
A sa belle princesse il conte ses secrets.
L’espoir en ce depart adoucit ses regrets.
Il brule, il court, il vole, en quittant Albione.
Il pense à Cloderic porter une couronne.