Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/394

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La princesse en son cœur dédaigne son amour :
Mais sa playe, et son fruit qui croist de jour en jour,
La rendent inhabile aux travaux de la guerre.
Aux lieux les plus secrets sa honte la resserre.
Son corps souffre deux maux, par un double mal-heur :
Et son dépit amer en aigrit la douleur.
Dans un temple enrichy de colonnes pompeuses,
Auberon fait ses vœux aux deïtez trompeuses :
Immole à leurs autels cent taureaux mugissans :
Fait monter à la voute un nuage d’encens ;
Et croit, par les projets qui flatent son courage,
Que le ciel va se plaire à seconder sa rage.
La cruelle Yoland, ardente à se vanger,
Est active, ne craint ny travail ny danger,
Prend les soins de la guerre ; et de bandes vaillantes
Fait le solide appuy de ses fureurs boüillantes.
Elle part du palais ; et dans tous ces climas,
Des plus hardis guerriers fait un puissant amas.
Les troupes des citez de la Vauge voisines,
Meslent dé-ja leur force aux brigades messines.
Le brave Sisenand, renommé par ses faits,
Conduit ceux de la Vauge, et Bouzon ceux de Mets
Le robuste Aribert à son secours ameine
Mille archers qui de Toul habitent le domaine.
Gripon, dés sa jeunesse instruit dans les combats,
Commande un puissant corps de trois mille soldats,