Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/397

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De l’heur de leurs ayeux, ces troupes font les vaines,
Portant pour leurs drapeaux des enseignes romaines.
Puis les forts marcomans, et les campsaniens,
Et les sueves, couverts des monts herciniens,
Les cattes, les samnons, les hardis hermondures,
Qui du Necre et du Meyn boivent les sources pures,
Et les fiers allemans, dont l’heureuse valeur
A reduit tous ces noms sous la force du leur,
Marchent de lieux divers, à files inégales,
Sous le son des clairons, des tambours, des timbales.
Puis dans Mayence arrive un prince imperieux,
Mandragan le danois, au regard furieux,
De qui l’ame brutale, aux vices occupée,
Ne croit point d’autres dieux que le bras et l’espée :
Qui ne craint ny le sort, ny le ciel, ny l’enfer ;
Qui met en mesme rang et Christ et Jupiter :
Endurcy dans sa honte, et dont la vie infame
Dédaigne également et l’honneur et le blâme.
Il traisne sous son ordre un camp remply d’horreur.
L’un le sert en tremblant ; l’autre plein de fureur,
Est illustre en forfaits, sçachant qu’aux rangs sublimes
Nul n’attaint sous leur roy que par les plus grands crimes.
Il se joint aux saxons dans leurs guerriers explois,
Aimant le seul mestier qui renverse les loix ;
Non par un beau desir d’anoblir sa memoire ;
Mais par l’amour du sang, plustost que de la gloire.