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Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/398

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Comme quand par les airs les aquilons volans
Traisnent de toutes parts les nuages roulans,
De l’amas il se forme une nuë épaissie,
Dont le voile estendu rend la terre obscurcie :
Ainsi de toutes parts vient le soldat germain :
Puis s’assemble, et s’estend depuis les bords du Meyn
Jusqu’à ceux que le Rhein arrose de ses ondes ;
Et couvre jusqu’à Vorms tant de plaines fecondes.
De ces fertiles champs les heureuses moissons
Suffisent peu de jours à tant de nourrissons.
A peine par convoys toute la Germanie
Peut soustenir un temps cette tourbe infinie.
Leur prince, dans la Gaule ardent à s’engager,
Veut les nourrir par elle, et par eux se vanger :
Et sur les larges ponts de Vorms et de Mayence,
Fait filer des germains l’innombrable puissance.
Dans la plaine il les range en épais bataillons :
Leur fait en lieux divers planter les pavillons :
Et pour les rafraischir, les disperse, et les place
Dans les champs, dans les bois, dans les bourgs de l’Alsace.
Mais tandis qu’à son gré le passage est trop lent,
Il entend les clairons des troupes d’Yoland.
La princesse à ses yeux pousse un cheval d’Espagne,
Devançant de cent pas son camp qui l’accompagne.
Les princes ses amans, par sa veuë excitez,
Dans une égale ardeur courent à ses costez.