Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/409

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De son glaive tranchant abbat casques et testes.
Et ses coups furieux ressemblent des tempestes.
Yoland contre luy pousse ses regimens.
Et l’ayant remarqué, regarde ses amans.
Sus, dit-elle, Armaric, et toy, Viridomare,
Si le cœur est à moy, que le bras le declare.
Je suis à qui rendra mes regards assouvis
Du spectacle fameux de la mort de Clovis.
Tous les deux à l’envy fondent sur le monarque,
Pour donner de leur flame une sensible marque.
Le prince les reçoit : son œil brille de feux.
Tous deux il les combat, et les soustient tous deux.
De l’espoir de sa mort elle se sent ravie :
Et parfois dans son ame elle craint pour sa vie :
Rallume, puis esteint ses transports vehemens ;
Et pour luy dans son cœur combat ses deux amans.
Mais sous ce rude bras de qui nul ne se pare,
Desja tombe le corps du beau Viridomare.
Dans un sommeil paisible il semble qu’il s’endort.
Il conserve sa grace encore dans la mort :
Comme une belle fleur que la faux a tranchée,
Qui languit et se meurt, sur les herbes couchée.
Le vaillant Armaric alors s’estime heureux,
Se voyant delivré d’un rival dangereux :
Et r’animant son bras avec son esperance,
Desja croit sa princesse acquise à sa vaillance.