Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/420

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Il marche avec sa troupe et foible et valeureuse :
Mais sa veuë est par tout et triste et malheureuse.
Il entend une voix. Clovis, en vain tu cours.
Si tu veux estre heureux, viens me donner secours.
Il arreste sa bande : il écoute, il s’approche.
La voix semble plus claire, et partir d’une roche.
Viens me donner secours, dit-elle, et ne crains rien :
Et le ciel aussi-tost te donnera le sien.
Hé ! Qu’entens-je ? Dit-il. C’est la voix de ma reine.
Il marche autour du roc, plein de joye et de peine.
Aurele, reprit-il, entens-tu cette voix ?
Secourez-moy, dit-elle une troisiesme fois.
Prens l’oriflame, Aurele ; et le fer qui la porte
Dans ce profond rocher peut te faire une porte.
Aurele dans sa main prend le saint estendard.
Il s’éloigne dix pas : puis de roideur il part :
Et baissant vers le roc la lance à l’avanture,
Fait, sans rompre le bois, une large ouverture,
Telle que deux guerriers, mesme sans se toucher,
Peuvent passer de front dans le creux du rocher.
Clovis entre : et d’abbord il ferme les paupieres,
Sentant ses yeux frapez de trop vives lumieres.
Il tasche à rasseurer son trop foible regard :
Puis void en habit blanc un auguste vieillard,
Qui dit, je suis Denys, l’apostre de la France,
Qui t’a gardé Clotilde, et te rend l’esperance.