Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/427

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Plus il se sent coupable, et plus par les vallons
Il fait à son coursier ressentir ses talons.
Le monarque vainqueur regne dans la campagne :
Et rend grace à Dieu seul de l’heur qui l’accompagne.
Il laisse aller les francs au dos des fugitifs :
Ne trouve dans les champs que morts et que captifs.
De ses chefs une troupe autour de luy s’amasse,
Où d’un libre penser en son ame il repasse
Les caprices divers du sort injurieux,
Et de ses grands travaux le succes glorieux.
Ainsi le noble fleuve, à la rapide course,
Le tigre est malheureux au sortir de sa source :
Cent fois de ses ruisseaux heurte le mont natal,
Qui presente un obstacle à ses ondes fatal :
Ne rencontre à son cours nuls passages propices :
Gauchit par les costaux, trouve cent precipices :
Va, revient, et rebrousse ; et de flots vagabonds
Fait parmy les rochers cent cheûtes et cent bonds :
Se confond dans un lac, puis retrouve sa voye :
Par des antres deux fois sous la terre se noye :
Se cache ; et reprenant sa premiere vigueur,
Se fait revoir encor des abysmes vainqueur :
Enfin libre et puissant, il baigne, il court, il dompte,
Les champs de Babylone, et ceux de Ctesiphonte.
Les francs devant Clovis assemblent des monceaux
D’estendards remportez, et de nobles drapeaux.