Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/444

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Songez, par son desastre, à redouter le vostre.
Il dit. Mais trop de rage occupe l’une et l’autre.
Et la celeste grace, avec ses traist vainqueurs,
Jamais ne peut entrer dans les superbes cœurs.
Vieillard, dit Yoland, nous cedons à tes charmes.
Mais en vain tu pretens que nous versions des larmes.
Le trépas de Clovis vangera nos douleurs.
Nous verserons plustost de son sang que des pleurs.
Il ne vaincra jamais Yoland en courage.
Je le croiray vainqueur, s’il peut vaincre ma rage.
Si nous sommes du rang où tu veux nous placer,
Tu nous hausses le cœur, puis tu veux l’abbaisser.
Que l’enfer m’abandonne, et que le ciel m’opprime.
Je hay le repentir, encor plus que le crime.
Allez, dit Severin, ô ! Detestables cœurs ;
Le ciel vous abandonne à vos propres fureurs.
Mais vous, suivez mes pas : venez, troupe fidelle.
Allons chercher Clovis aux bords de la Moselle.
Ne pleure point, Valbert, un pere furieux,
Indigne du cercueil, esclave des faux dieux,
Ministre de l’enfer, ennemy de mon maistre.
Laissons ce corps aux loups, qui doivent s’en repaistre.
Alors la sainte bande, en marchant deux à deux,
Par la pente du mont suit le saint lumineux ;
Bénit le tout-puissant, et joint leur equipage,
Qui sans bruit les attend à l’ombre d’un bocage.