Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/445

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Albione, Yoland, regardent ce depart ;
Puis fixement en terre arrestent leur regard.
L’une et l’autre confuse, interditte, estonnée,
De secours tout à coup se trouve abandonnée.
O ! Dieux ! Dit Yoland, pouvions-nous concevoir
Qu’un mortel sur la terre eut un si grand pouvoir ?
Qu’il a fait à nos yeux d’effroyables prodiges ?
A peine de ce temple on peut voir les vestiges.
Mais dans ce changement, rien ne peut m’ébranler.
Et je voy dans nos maux dequoy nous consoler.
Nous ne sommes plus sœurs ; nous n’avons plus de pere.
Mais nous avons chacune un grand prince pour frere.
Goustons le doux espoir qui vient nous soulager ;
D’avoir un rang illustre, et dequoy nous vanger.
Ma sœur, dit Albione, (avant ma derniere heure
Permets que ce cher nom encore nous demeure)
Helas ! De quel espoir nous pouvons-nous flater ?
Helas ! De quel secours nous pouvons-nous vanter ?
Bien que contre Clovis nostre fureur assemble
L’Espagne, et l’Aquitaine, et l’Angleterre ensemble ;
Quand nous pourrions encore y joindre les romains ;
Que doit plus redouter le vainqueur des germains ?
Mesmes de nostre sang, quelles certaines marques
Pourrions-nous faire voir à ces puissans monarques ?
Quoy doncques, nostre cœur d’affronts n’est pas content.
Cette derniere honte encore nous attend.