Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/459

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L’un et l’autre descend d’une égale vistesse :
Puis revere à genoux la divine princesse.
Elle void Arismond d’un œil severe et doux :
Et de bras amoureux va serrer son epoux.
Mais du prince aussi-tost la noble ame est saisie
De l’ardente fureur d’une aspre jalousie.
Ce debat par le fer ne se doit pas vuider,
Leur dit-elle : et c’est moy qui le dois decider.
Lisois, par les grands coups de leurs lames pesantes,
Avoit oüy le bruit des armes resonnantes.
Clovis, de saints discours par la reine occupé,
Soudain du mesme bruit se sent aussi frapé.
Ils courent : et les chefs de la plus haute marque
Volent avec ardeur sur les pas du monarque.
Ils trouvent les guerriers n’agueres combatans ;
Et la belle Agilane aux regards éclatans.
Puis découvrent plus loin, dans une route sombre,
Une troupe, et des chars, qui s’arrestent à l’ombre.
Le spectacle paroist et surprenant et doux.
Tous deux ils sont sanglans, et tous deux à genoux.
Le prince tout surpris d’une telle avanture,
De chacun des guerriers fait chercher la blessure.
Jouïssez, dit le duc, du bonheur de vos yeux.
Honorez Agilane : elle descend des cieux.
Non, dit-elle, je vis. Le ciel m’a r’animée,
Pour servir mon epoux, et son prince, et l’armée.