Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/460

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Levez-vous : c’est Dieu seul que l’on doit adorer.
Mais ils trouvent cet heur trop grand pour l’esperer.
Oüy, dit-elle, je vis : levez-vous l’un et l’autre.
Dieu m’a rendu la vie : ayez soin de la vostre.
Alors on les desarme : et l’on cherche leurs coups.
Agilane prend soin du bras de son epoux.
Elle estanche le sang d’une legere playe.
Il tremble : il doute encor si l’avanture est vraye :
Si ses yeux sont ouverts, ou s’il resve en dormant.
Tousjours il la regarde avec estonnement.
Arismond, que le roy de ses soins favorise,
Est confus et muet de rage et de surprise.
Lors se leve la troupe assise dans le bois.
Leur chef s’avance, et parle au prince des françois.
Roy, dit-il, dont le nom s’épand jusqu’à l’aurore,
Nous venons te chercher, des climats du Bosphore.
Je suis fils d’Auberon, prince du sang françois,
Qui voyant que de Christ j’avois suivy les loix,
Me chassa de ces lieux, d’une injuste colere.
Mais Dieu dans l’orient m’offrit un meilleur pere,
Le saint si renommé, le divin Daniel,
Quand pour sauver l’Asie, et par l’ordre du ciel,
A Zenon penitent il redonna l’empire.
J’arrive en son palais, quand Agilane expire.
Le saint remply de foy, luy fait revoir le jour.
Il me bénit le front dans cet heureux sejour.