Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/463

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Puis il honore encor d’une faveur égale,
Severin, et Lucille, et la belle Vandale.
Quoy ? Seul, dit Arismond, je seray malheureux ?
Mais j’auray pour mon juge un prince genereux.
Pensez-vous que mon sort soit reduit à l’extreme ?
Je veux estre jugé par Agilane mesme.
Maintenant elle est libre, ayant franchy la mort.
La mort brise tout nœu, toute loy, tout accord.
A cet usurpateur la mort l’avoit ostée :
Et pour moy seulement Dieu l’a ressuscitée.
Entens nos differens : tu sçauras, ô grand roy,
Qui la merite mieux, ou d’Aurele, ou de moy.
Tous demeurent muets, tant la surprise est grande ;
Et jugent qu’Arismond est juste en sa demande.
Le ciel à peine au duc a rendu son tresor,
Qu’il se void sur le point de le reperdre encor.
Agilane paslit, inquiete, estonnée ;
Du celeste secours se croit abandonnée.
Le roy, qui reconnoist leur trouble et leur tourment,
Au soir, dans son palais, remet ce jugement.
La divine Clotilde en mesme temps arrive.
La troupe de Valbert, d’une veüe attentive,
Confesse que leurs yeux n’ont rien veu de si beau,
Aux terres où du jour se leve le flambeau.
Clovis luy fait connoistre Agilane et Lucille ;
Et laissant d’un recit la longueur inutile,