Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/482

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Puis vient, pour couronner l’ample magnificence,
Un don jusques alors inconnu dans la France,
Qui de mille ans de guerre avoit senty les maux.
Des luts harmonieux en grandeur inégaux.
Ces armes, dit Clovis, pour nous sont inutiles.
A manier le fer, les francs sont plus habiles.
Ces hommes, dit Symmaque, en ce bel art instruits,
Sçavent charmer l’oreille, et chasser les ennuis.
Ils serviront souvent pour adoucir ta peine,
Quand la paisible nuit des travaux te rameine.
Le prince satisfait, les accepte, et répond ;
Ils pourront honorer les nopces d’Arismond.
Symmaque, nous joindrons ta musique à la nostre,
Pour luy rendre ce soir plus doux que ne fut l’autre.
Clovis se sent émeû de l’heur de ces epoux.
Il s’en trouve en luy-mesme et content et jaloux.
Et la douce musique encore dans son ame
Va rallumer l’ardeur de sa pudique flame.
Un concert de six luts, par ses sons ravissans,
Par ses graves accords, soudain émeut ses sens,
Ranime son tourment, puis aussi-tost le flate,
D’une main tantost forte, et tantost delicate.
Les sons impetueux penetrent dans son cœur ;
Et contre ses sermens irritent son ardeur.
Le bruit cesse. Une voix d’un bel art animée,
Alors par sa douceur rend son ame charmée.