Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/489

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Vostre ardeur m’a toûjours suivy dans les combas.
Quand je gagne le ciel, ne m’abandonnez pas.
Quittons, genereux francs, toute idole profane ;
Jupiter, et Mercure, et Pallas, et Diane.
Qu’à jamais tous ces noms soient bannis de nos cœurs,
Pour suivre le seul dieu qui nous a faits vainqueurs.
Alors paroist Lisois, qui devant tous s’avance.
Nous te suivrons par tout, ô ! Gloire de la France,
Dit-il haussant sa voix. Nous quittons les faux dieux,
Jadis hommes mortels, et peu dignes des cieux.
Nous croyons d’un seul dieu l’eternelle puissance :
Et Christ qui d’une vierge en terre prit naissance.
Tous reprennent soudain. Nous quittons les faux dieux.
Nous te suivons en terre, et te suivrons aux cieux.
Ces mots sont repetez de mille voix ensemble.
Du temple resonnant toute la voûte en tremble :
Et la foule chrestienne, émeüe en mesme temps,
De joye épand des pleurs, et des cris éclatans.
Clovis avec Remy s’avance vers le temple.
On y void tous les francs, entrer à son exemple.
Aussi-tost à genoux ils reverent la croix.
Tous adorent le verbe, et de cœur et de voix.
Remy commence un chant : les prestres le secondent.
Cent voix bénissent Dieu : les orgues leur répondent.
Le soir, d’un sombre azur dé-ja peignoit les cieux :
Et d’un noir plus obscur peignoit les sombres lieux.