Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/50

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Et faisoit retentir tout l’infernal manoir,
Souffrant avec ses feux son cuisant desespoir.
Enfin voyant sur luy fondre un nouvel orage,
Il conceût ces propos, plein de honte & de rage.
Que devient mon pouvoir ? à quel coin reculé
Se doit borner enfin mon regne desolé ?
Ce puissant createur de la terre et de l’onde,
M’ayant chassé du ciel, me veut chasser du Monde.
Autrefois réveillant mes vœux ambitieux,
Ne pouvant estre dieu, j’inventay mille Dieux.
J’usurpois ses honneurs, en luy faisant la guerre ;
Et content de son Ciel, il me laissoit la Terre.
A peine un peuple seul se pût-il reserver,
Qui contre luy cent fois osa se soûlever ;
Sur qui cent fois les miens leurs loix sceûrent estendre ;
Et qui fût le mespris des armes d’Alexandre.
Mais depuis que ce fils, dans la crêche enfanté,
Caché sous l’indigence, et sous l’humilité,
Sappa les fondemens de mon superbe Empire,
A ma honte icy bas toute chose conspire.
Son Eglise s’accroist de tout ce que je pers.
N’auray-je pour royaume enfin que les Enfers ?
Rome, jadis mon trône, où de tant de victimes
Le Sang fumoit pour moy dans les temples sublimes,
Qui vid de ma faveur des effets si puissans,
Quand de tout l’Univers je payay ses encens ;