Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/500

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Se poussent l’un sur l’autre, et cherchent le rivage,
Fuyant des aquilons l’imperieuse rage.
Le bruit cesse : et le roy, d’une humble gravité,
Où le respect se mesle avec la majesté,
Se presente au prelat, qui brillant de lumiere,
Soudain addresse au ciel son ardente priere.
Il contemple Clovis d’un regard radoucy :
Puis éleve sa voix, et l’interroge ainsi.
Crois-tu le createur de la terre et de l’onde,
Le pere tout puissant, le souverain du monde ?
Crois-tu, d’une foy vive, en son fils Jesus-Christ,
Né du sein virginal, conceû du Saint Esprit,
Qui mourut sur la croix, fut mis en sepulture,
Et ranimant son corps, estonna la nature ?
Depuis aux yeux mortels s’offrit en ces bas lieux ;
Et d’un vol triomphant s’emporta dans les cieux ?
Crois-tu le saint esprit, l’eglise universelle,
De tous les saints épars l’alliance fidelle,
Le pardon des péchez, et le réveil des morts,
Et la gloire sans fin des ames et des corps ?
Je le croy, dit le prince, et renonce aux idoles.
Le pontife content, adjouste ces paroles.
Courbe toy, doux Sicambre ; au vray dieu sois soûmis :
Et garde ta fierté contre ses ennemis.
Brise et marbre et metal que tes mains encensérent :
Restablis les autels que les francs renversérent.