Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/527

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Sçachez, leur dit le saint, qu’en ces bois écartez,
Avec peu de soldats cent chars sont arrestez,
Pleins des tresors du goth, qu’en Auvergne il emporte ;
Et qu’icy de l’armée ils attendent l’escorte.
Quand la lune aura fait la moitié de son cours,
Fondez sur l’ennemy dépourveû de secours.
Marchez à la faveur de cette forest sombre.
La surprise contr’eux vaudra plus que le nombre.
Aurele dans les forts laisse les plus ardens :
Va voir l’estat des goths avec les plus prudens.
Il apperçoit les chars, et leurs files rangées :
Et des soldats couchez les gardes negligées.
Puis il retourne aux siens, les anime au combat.
A tous, dé-ja le cœur d’impatience bat.
Par leur écharpe blanche ils se doivent connoistre.
Tout s’avance ; et les goths commencent à paroistre.
Alors, comme un veneur diligent et rusé,
Enferme en son enceinte un sanglier reposé ;
Puis les chiens, les piqueurs, et les clameurs soudaines,
Et les grands bruits de cors, le lancent dans les plaines.
De mesme tout à coup les clairons et les cris
Par tout se font entendre à l’ennemy surpris.
Les bruits dans la forest semblent épouvantables,
Et sont suivis de coups encor plus redoutables.
Les gardes renversez soudain perdent le cœur.
Les autres abbatus de sommeil et de peur,