Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/530

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Et s’il veut s’arrester sous un paisible ombrage,
Attendant que l’armée ait franchy le passage,
Que dans peu de momens il conduira ses pas,
Vers un fleuve où l’attend le prix de ses combas.
Il luy conte à l’instant son heureuse entreprise,
Et du fier Alaric la richesse conquise.
Le prince curieux de ses chefs fait un choix :
Puis appelle Arismond, Yoland, et Lisois.
Tous à leurs chevaux frais soudain laschent la bride :
Et suivent en courant Aurele qui les guide.
Maxent, qui sçait du roy les succez glorieux,
Prepare cependant un triomphe à ses yeux.
Sur l’herbe et sur les fleurs il range avec addresse
De l’ayeul d’Alaric l’éclatante richesse :
Les dieux d’or et d’argent des grands temples romains,
Avarement pillez par les barbares mains :
Les meubles precieux emportez de Solyme ;
Quand Dieu voulut des juifs chastier le grand crime :
Les tresors infinis de tant de rois domptez,
Qu’amassoit des long-temps la reine des citez.
Le pré ne suffit pas pour estendre sur l’herbe
L’innombrable ramas de la prise superbe.
Et les grands vases d’or, sur le bord des ruisseaux,
Sont sans ordre et sans choix entassez par monceaux.
Clovis avec sa troupe en peu de temps arrive
Où la Veude humectoit sa verdoyante rive.