Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/544

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Et la honte irritée, en cette aspre chaleur,
Se réveille, et s’égale à la haute valeur.
Des hardis aquitains la force inébranlable
D’abbord soustient des francs le choc épouvantable.
Long-temps d’un doux espoir ils animent leurs cœurs :
Et n’estant pas vaincus, pensent estre vainqueurs.
D’armes, de morts, de sang, les plaines sont couvertes.
Les rois, dans l’heur égal, sentent d’égales pertes :
Font marcher la battaille ; et sans cesse agissans,
Joignent l’art de la guerre à leurs efforts puissans.
Chaque troupe s’émeut, se heurte, se renverse.
Comme deux fiers torrens, d’une route diverse,
L’un vers l’autre fondant de deux tertres neigeux,
Meslent avec fureur leurs grands flots orageux :
Long-temps de force égale, et d’une égale rage,
Emeûs et blanchissans, balancent l’avantage :
Mais enfin l’un succombe ; et par l’autre emporté
Cede au rapide effort de son cours indompté.
Le superbe Alaric, dans un trouble semblable,
Cede à l’horrible choc du monarque indomptable :
Du grand flot se détourne ; et flatant sa valeur,
Sur flamans et manceaux va vanger son mal-heur.
Il rougit de fureur, dans sa douleur extreme.
Sa troupe se renverse, et s’écarte de mesme :
Accompagne son prince en son triste courroux :
Puis soulage sa honte, en secondant ses coups.