Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/81

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 noms de tant d’ayeux, leur sort, et leur valeur,
Avoient du grand Clovis endormy la douleur.
Une force muëtte, emprainte dans l’ouvrage,
De piquans aiguillons animoit son courage :
Et desja son esprit, jaloux de leurs grands faits,
Pense à les surpasser dans ses vastes souhaits.
Mais Clotilde en son cœur tousjours regne puissante.
Rien ne charme son mal : il réve, il se tourmente
D’estre long-temps loing d’elle en ces lieux écartez.
Il n’ose aussi paroistre à ses yeux irritez.
Auberon void son ame en ces pensers flotante ;
Veut que dans ce moment sa richesse le tente ;
Et conduisant ses pas par d’obliques destours,
Luy montre ses tresors cachez dans quatre tours :
Fait briller à ses yeux, d’une prudente adresse,
Parmy l’éclat de l’or, l’éclat de la princesse ;
Et se jugeant puissant par ce double secours,
Tasche à vaincre Clovis, et luy tient ce discours.
Grand espoir des françois, et leur gloire future,
Tu vois que pour moy seul semble agir la nature :
Qu’elle suit mes desirs ; et fait tous ses efforts
Pour enrichir ces lieux de ses plus beaux tresors.
Apprens que si tu joins ma fortune à la tienne,
Il faut qu’en peu de temps l’univers t’appartienne.
Mais à nostre seul sang cét honneur est promis.
Ne mesle point ta race au sang des ennemis.
Prens