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Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/82

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 ma fille et mes biens : ta vertu te les donne.
Le ciel, du monde entier t’accorde la couronne.
Le prince de cette offre et surpris et confus,
N’ose faire éclater un sensible refus.
Albione rougit, tient la paupiere basse.
(et le rouge et la honte augmenterent sa grace)
Forme des vœux secrets dans son douteux soucy ;
Puis entend que Clovis sage respond ainsi.
Un rigoureux ennuy, qui me presse et m’accable,
Me rend d’amour, d’espoir, de conseil incapable.
La princesse merite un cœur franc de malheurs ;
Et ne veut pas regner où regnent les douleurs.
Ceux qui sont refusez, et celuy qui refuse,
Sentent tous sur leur front une rougeur confuse.
Auberon, d’un œil feint couvre un aspre courroux.
Albione en son cœur sent un dépit jaloux :
Et le roy, dont l’amour tant d’embusches surmonte,
Les remplit à regret de colere et de honte.
Dans l’honneste refus, l’enchanteur connoissant
Que son feu pour Clotilde est encore puissant :
Que pour elle sans cesse en secret il soûpire :
Qu’il resiste pour elle à l’espoir d’un empire :
Luy fascine la veuë ; et sur le prochain mont,
En armes luy fait voir le prince Sigismond,
Fils du fier Gondebaut, enlevant la princesse,
Qui contente le suit, l’embrasse et le caresse.