Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/86

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L’attend un de ses chefs, et sa troupe secrete,
Qui devoit au retour asseurer sa retraite.
Cependant Albione, amante sans amant,
Malgré son fier dépit, cherissant son tourment,
Void que ce roy qu’elle ayme, en un peril s’engage,
Où le nombre inégal doit dompter son courage.
Elle court en sa chambre ; et pour le secourir,
S’arme, et dans ce danger fait gloire de mourir.
Ses armes estoient d’or à bandes argentées.
Sur son casque flotoient cent plumes agitées.
Desja sur un coursier elle monte d’un saut :
Desja dans les forests medite un fier assaut ;
Des deux ardens guerriers bat et rebat les traces,
Et les sentiers connus par ses frequentes chasses.
Puis à ses yeux paroist la princesse Yoland,
Qui descendoit des monts, d’un pas superbe et lent,
De levriers heletans, et de nymphes suivie ;
Et du plaisir des bois pour ce jour assouvie.
Ma sœur, dit Yoland, quel danger, quel soucy,
T’oblige d’estre armée, et de courir ainsi ?
Albione rougit ; et sa rougeur confesse
Qu’une honte est meslée à l’ennuy qui la presse.
Elle n’ose parler d’un prince qui la fuit.
Elle n’ose parler d’un prince qu’elle suit.
Toutefois elle avouë à sa sœur bien aimée,
Que Clovis par ces monts suit une troupe armée,