Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/87

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Sur eux voulant vanger un rapt injurieux :
Qu’elle alloit au secours d’un roy si glorieux.
N’agueres, dit sa sœur, j’ay veû ce prince illustre :
Au moins un qui n’attaint que son cinquiesme lustre,
D’un port superbe et doux, d’un auguste regard,
Et qui presse un coursier à poil de leopard.
Il court, et des brigands il a perdu la piste.
C’est luy, dit Albione et rougissante et triste.
Lors un nuage espais s’approche de leurs yeux,
(du magique sçavoir effect prodigieux)
Volant à fleur de terre, ainsi que sur les ondes
S’éleve une vapeur qui s’enfle à bosses rondes,
Lors que l’astre du jour, par l’ardeur de ses rais,
Tire l’humeur d’un fleuve, et la boit à longs traits.
Le nuage rouloit d’une course legere.
Il s’ouvre ; et l’enchanteur, d’un visage severe,
Paroist prés d’Albione, et par un feint courroux,
Luy dit ; je suy vos pas, ma fille, où courez-vous ?
J’approuve vostre amour, et blâme vostre fuite,
Sans moy, sans mes conseils, sans compagne et sans suite.
La princesse rougit ; baisse l’œil et le front ;
Et sa guerriere audace à ces mots se confond.
Sa sœur, pour son secours, prend ainsi la parole.
Est-ce là ce grand roy dont par tout le bruit vole ?
Je brule du desir d’apprendre ses explois ;
Et quels peuples sa force a rangez sous ses loix ;
Et de sçavoir