Page:Desmarets - Clovis ou la France Chrétienne.djvu/92

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Dont soudain les clairons, les cris retentissans,
Les fifres, les tambours, les chevaux hannissans,
Semblent, comme à l’envy, donner au grand monarque
Et de joye et d’amour une fidele marque.
Pour embrasser ses chefs, le prince s’arrestant,
Feint, malgré ses ennuis, un visage content :
Puis avant que la nuit couvre tout de son ombre,
De ses troupes veut voir et l’estat et le nombre.
D’abord le digne fils du fameux Guyemans,
Genobalde suivy de six forts regimens,
Tous chevaliers françois, d’intrepide vaillance,
Baisse devant son maistre et la teste et la lance.
Son barbe au souple corps semble aussi se baisser :
Puis à bonds rebattus on le void s’avancer.
Et du brillant acier ses troupes lumineuses,
Foulent apres ses pas les plaines sablonneuses.
Ricarede, Arembert, Berulfe encore vain
D’avoir seul osé rompre un bataillon romain,
Ulde, Adolfe, et Voltrade aux forces redoutées,
Menoient dans les combas ces bandes indomptées.
Les lances, en marchant, font un flotant amas ;
Comme si sur les eaux voguoient six mille masts.
A tous pend de l’arçon, à leur mode guerriere,
Et la hache tranchante, et la masse meurtriere.
Le valeureux lisois, de plumes ombragé,
Sur un tartare blanc à taches d’orangé,