Page:Desmoulins - Satyres, 1789.djvu/11

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Encor s’il se fût contenté
De s’accoupler en parenté,
Avec jeune et gentille ânesse ;
Mais son épouse étoit tigresse,
Haïssant ses propres sujets,
Et, sur-tout, libertine à l’excès.
D’abord, pour gouverner avec plus de licence,
Il lui fallut des favoris,
Et dans la plus abjecte engeance,
Ces êtres vils furent tous pris.
Serpens et papillons, singes et vers de terre
Composoient sa brillante cour ;
Elle avoit pour dames d’atour
Et la sang-sue et la vipère ;
Elle avoit mis au ministère
Un paon, le plus vain des oiseaux,
Qui, pour la flatter et lui plaire,

. . . . . . . . . . . . . . .


De tout l’aidoit à s’emparer,
Le peuple ne pouvoit qu’à peine subsister.
Les animaux perdirent petience ;
Ils clabaudoient contre elle et son ânon.
Les chiens furent choisis pour faire remontrance
Audit seigneur Aliboron ;
Mais maudite fut l’embassade,
Il répond par une ruade.
Aussi-tôt, le peuple irrité