Page:Desmoulins - Satyres, 1789.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’ôtoient aux fainéans, l’ôtoient aux imbéciles ;
Et, maîtres d’obéir, ont du trône deux fois,
Car tel fut leur plaisir, fait descendre leurs rois.
Héritier d’Henry IV, et de Charles septième,
Est-ce donc à son fer qu’il doit le diadème ?
Croit-il parler en maître à des peuples conquis ?
Tout conquérant qu’il fût, mais à ses francs, Clovis,
S’il eût dicté pour loi sa volonté suprême,
La massue à leurs pieds l’eût étendu lui-même.
Apprends, mon cher Louis, mon gros benet de roi,
Que tel est ton plaisir n’est pas telle est la loi :
Rends compte, et l’on veut bien encor payer ta dette :
Mais sois poli du moins quand tu fais une quête,
D’un gueux, dit Salomon, l’insolence déplaît,
Et c’est au mendiant à m’ôter son bonnet.

Par Camille Desmoulins.

Tu dormois sur le trône, ô monarque imbécile,
Quand de la nation le suprême sénat
Motivoit à tes pieds sa résistance utile,
Et de tes propres mains vouloit sauver l’état.
Quelle sécurité tout près du précipice !
Tu n’apperçois donc pas ton peuple s’indigner :
Il n’attend que le sceau de ta haute injustice
Pour t’apprendre à grands cris qu’un autre doit régner.