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ACTE DE NAISSANCE D’AROUET.

longue et dont l’esprit s’est conservé tout entier le plus longtemps, soient nés tous deux dans un état de faiblesse et de langueur. » L’acte ne fait, toutefois, nulle mention de la cérémonie ; cette omission donne d’autant plus à penser qu’elle n’était pas fréquente alors en semblable cas, et qu’Armand s’étant exactement trouvé dans des conditions analogues, l’on n’avait eu garde de ne le pas consigner sur son acte baptistaire : « Né le 22 mars dernier, et ondoyé à la maison à cause du péril de mort où il s’est trouvé[1]. »

L’acte de baptême de l’auteur de Mérope, daté du 22 novembre 1694, le déclare « né le jour précédent. » Mais on a voulu que ce fût là un véritable faux machiné sans grand besoin, convenons-en, par un ancien notaire qui devait en sentir la gravité. M. Berriat Saint-Prix, pour sa part, répugnait à admettre une fraude de cette nature et estimait plus simple de croire à la sincérité d’un acte authentique, en dépit d’une tradition inacceptable[2]. Récemment, un éditeur de Voltaire, M. Clogenson, est revenu sur cette question, et, toutes les pièces du procès en main, il demeure persuadé que François-Marie naquit à Châtenay, le 20 février, neuf mois plus tôt que ne l’indique l’acte officiel[3]. Voltaire dit bien, dans le Commentaire historique, qu’il fut ondoyé et le baptême reculé de plusieurs mois, ce qui dément formellement le texte de

  1. Archives de la ville, Registre des Baptêmes de la paroisse de Saint-Germain-le-Vieil, du 5 avril 1685, p. 26.
  2. Boileau, Œuvres complètes (Paris, 1830), t. I, p. xi-xvi. Digression sur l’époque et le lieu de la naissance de Voltaire.
  3. Clogenson, Lettre à M. le Rédacteur du Nouvelliste de Rouen, 23 février 1860, p. 1 et 2.