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AVIDITÉ DES LIBRAIRES.

leur désaccord fut les profits trop considérables qu’ils prétendaient sur la vente de chaque exemplaire. Mais ils avaient affaire à un homme qui savait se défendre. « Je ne suis pas assez fou, écrit-il, à Des Maizeaux, quoique écrivain, pour abandonner toute ma propriété à un libraire[1]. » Les détails manquent ; et ce qu’il ressort de cette lettre, c’est que Voltaire sent le besoin de rétablir des faits dénaturés par sa partie adverse, qui s’est déjà autorisée du témoignage de Des Maizeaux et songe à en appeler encore à des souvenirs que le poëte déclare inexacts et s’efforce de redresser.

En tous cas, ce ne sont pas ces chiffonneries qui lui feront quitter, une heure plus tôt, l’Angleterre. Son retour ne dépendait pas de lui seul ; et tous les dégoûts et toutes les bastonnades n’eussent pu lui rouvrir la France, si les puissances n’eussent pas jugé qu’un exil de près de trois années était tout ce qu’on pouvait infliger à un malheureux dont le crime unique était d’avoir été le plus faible.

  1. Colet, Relies of litterature, p. 367. Lettre de Voltaire à Des Maizeaux. La lettre autographe se trouve au British museum, fonds Des Maizeaux. Une note signé F. M. (Frédéric Madden), nous apprend que « la signature de cette lettre fut enlevée par un lecteur en octobre 1833, et recouvrée en octobre 1849. » Les Pièces inédites (Didot, 1820), contiennent seize lettres en anglais adressées à Thiériot, les Lettres inédites Didier, 1857), dix-huit à Falkener ; cela fait déjà un total de trente quatre à trente-cinq lettres, auxquelles il faudra joindre cette lettre à Des Maizeaux, ainsi qu’une autre adressée à John Brinsden, également publiée par Colet.