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XII

ÉRIPHYLE ET ZAÏRE. — LE TEMPLE DU GOÛT. — LA GUERRE DÉCLARÉE ENTRE ROUSSEAU ET VOLTAIRE.

Ce fut le vendredi 7 mars qu’Ériphyle demanda sa sanction à cette seconde et terrible juridiction qui s’inquiète peu des arrêts de salon. Elle réussit malgré le cinquième acte, où l’ombre d’Amphiaraüs, en apparaissant sur la scène peuplée d’une jeunesse élégante et chamarrée, ne pouvait produire qu’un mauvais et piteux effet. « Mais on pardonne au dessert, quand les autres services ont été passables[1]. » La versification surtout fut applaudie, et certains vers frondeurs auxquels avait d’ailleurs habitué l’auteur d’Œdipe. « Otez-en quelques morceaux contre les grands, contre les princes et contre la superstition, rien n’est à lui, et la pièce n’auroit pas trois représentations, » écrit au président Bouhier, un de ces contempteurs sournois de Voltaire qui le déchirent en dessous, et lui font extérieurement mille caresses[2]. Le vrai c’est que l’œuvre

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LI, p. 261. Lettre de Voltaire à Cideville ; samedi 8 mars 1732.
  2. Bibliothèque impériale. Manuscrits. Correspondance du président Bouhier, t. IV, p. 402. Lettre de l’abbé Le Blanc au Président, 11 mars 1732.