Mais avant de clore la lettre, il apprenait que son valet avait ordre de rendre toute espèce de message dont il serait chargé. Dans l’impossibilité de sortir de sa prison, il suppliait sa maîtresse de trouver elle-même un dépositaire auquel ils pussent avoir confiance, et de le lui indiquer. Cette première épître parvint à son adresse et plongea cette amante passionnée dans le désespoir. Arouet la rassure, la conjure de vivre et de se tenir prête, dès que la lune paraîtra : il trouvera bien le moyen de s’esquiver de l’hôtel, de prendre un carrosse ou une chaise et de l’emmener à Scheveling (Scheveningen), un village à une lieue et demie de la Haye, oià ils feront les lettres dont il est question plus haut, pour le père, l’oncle et la sœur. Cette course projetée sans doute n’eut pas lieu ; au moins les lettres ne furent pas écrites, puisqu’il les réclamera encore par son billet du 6 décembre. Arouet se plaint amèrement de sa condition de prisonnier : « Je ne partirai, je crois, que lundi ou mardi ; il me semble, ma chère, qu’on ne recule mon départ que pour me faire sentir le chagrin d’être dans la même ville que vous, et de ne pouvoir vous y voir. On observe ici tous mes pas : je ne sais même si Lefèvre pourra te rendre cette lettre… » Cependant, il lui promet de l’aller trouver, coûte que coûte : il sortira par une