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VOLTAIRE
AU CHATEAU DE CIREY

I

LA MARQUISE DU CHÂTELET. — LES LETTRES
PHILOSOPHIQUES. — VOLTAIRE EN FUITE.

Voltaire avait vu madame Du Châtelet tout enfant, chez son père. Au moment où il quittait, après une captivité de quelques jours à la Bastille, Paris et la France, en mai 1726, mademoiselle Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil était mariée depuis près d’un an (20 juin 1725) au marquis Florent-Claude du Châtelet-Lomont[1] : née le 17 décembre 1706, elle avait alors un peu moins de vingt ans. Par conséquent, en 1733, avec ses vingt-sept ans elle avait huit années de ménage ; elle connaissait le monde, elle connaissait la vie, elle savait sa valeur propre, et n’en était plus à s’avouer, sinon la nullité, du moins l’infériorité du mari qui lui était échu. On a fait plus d’un portrait d’elle, tant au physique qu’au moral, ceux-ci flattés, ceux-là d’une extrême malveillance. Le plus célèbre de ces

  1. Dom Calmet, Histoire généalogique de la maison du Châtelet (Nancy, 1741), p. 119.