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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/106

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nom ; après, elle ajouta avec sa gracieuse manière :

— Que je serais heureuse de connaître la personne à qui je suis redevable de la confiance dont vous m’honorez, madame !

— C’est quelqu’un qui vous estime tout ce que vous valez… lui dis-je en souriant.

— Je voudrais bien pouvoir le remercier du bonheur qu’elle m’a procuré… reprit-elle de sa douce voix.

Mais je ne répondis pas, et elle était trop bien élevée pour insister : elle rougit timidement, craignant d’avoir commis une indiscrétion… Pauvre Marie !

Ma position était vraiment bien extraordinaire, dans les commencements surtout ! Je le sentais… mais je commençais à réfléchir… Je ne m’illusionnais plus à cette heure sur les obstacles presque insurmontables qui résultaient des liens mêmes qu’avait formés Marie… Ces choses, n’est-ce pas ? se sentent mieux qu’elles ne peuvent se traduire… Quant à elle, touchée de l’intérêt que je lui témoignais, de ce qu’elle appelait mes bontés pour ses enfants, la simple jeune femme ne soupçonnait rien au delà. Mes visites, dont elle m’exprimait naïvement sa joie, pouvaient lui paraître singulières ; mais mystérieuses ! l’idée ne lui en arrivait pas.

Peu à peu j’en prolongeai la durée ; chaque jour je m’attachais davantage à elle, elle à moi, et peu à peu aussi le laisser aller et la confiance, de son côté, s’éta-