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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/108

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et mélancolique figure de Thérèse, dessinée par Julien, placée en face de moi comme un muet reproche…

— Ce n’est plus là que l’ombre d’elle-même ! ajouta-t-elle en balançant tristement la tête. Elle était bien belle, madame, ma pauvre mère ! Quand j’étais enfant et que nous sortions, je l’entendais dire par tout le monde.

Mais sur ce sujet, Marie avec un admirable tact gardait par devers elle une part : elle me disait les angéliques vertus de sa mère ; ses malheurs, jamais…

Sur tout le reste, sincère et naturelle, elle me faisait sans défiance pénétrer chaque jour plus avant dans son modeste intérieur ; elle arriva à me confier qu’une circonstance inattendue venait de les rendre riches

— Ah ! madame, si vous saviez tous les bonheurs qu’apporte à la fois dans ma vie cette fortune que Dieu n’a envoyée ! me disait-elle avec une céleste expression de joie. Pour tout ce que j’aime, c’est l’aisance qu’ils n’avaient jamais connue ! c’est le bien-être de mille petites superfluités après lesquelles j’avais tant soupiré pour eux, et dont ils jouissent à présent.

Ensuite, nous pourrons donner de l’éducation à nos chers enfants, faire des économies pour leur avenir, et sans que pour subvenir à toutes ces charges mon pauvre Julien s’épuise par un travail forcé… Des journées de quinze heures de travail, bien souvent, ma-