Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dame !… Ô bénie, bénie soit la main généreuse à qui je dois tant de bonheur !

Que Marie me faisait de bien ! Pour si peu, donner et partager de si pares jouissances… J’étais trop payée ! Et cependant je désirais plus… quelque chose encore : il y avait pour moi dans le fait de Marie ouvrière, travaillant pour des étrangers, une souffrance de cœur… il faut bien l’avouer, une souffrance d’orgueil aussi… Cette idée me révoltait ! Dans nos meilleures actions il se mêle à notre insu bien souvent une misérable personnalité !… et le but de mes secrets désirs n’était pas atteint. Jusqu’ici je n’avais pu toucher cette corde vis-à-vis de Marie, ses confidences m’en fournissaient l’occasion, je la saisis.

— Mais vous aussi, lui dis-je, vous ne vous fatiguerez plus à travailler, n’est-ce pas ?

— Oh ! madame, comment ne le ferais-je pas ? Mon mari travaille toujours ; ma bonne belle-mère a bien voulu se charger de tous les soins du ménage ; et tandis qu’eux prendraient toute la peine, moi je me reposerais ?… Non, non !…

— Eh bien ! écoutez, répliquai-je, faisant l’office de l’ange tentateur, j’ai une quantité de broderies, d’ouvrages en tapisserie à faire, obligez-moi de vous en charger. Ne travaillez plus que pour moi, le voulez-vous ?… Ça me ferait tant de plaisir ! ajoutai-je.

— Et à moi aussi ! s’écria-t-elle, mais c’est impossible, madame.