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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/12

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trois heures la grande avenue de Longchamps, couverte de monde, de voitures, présentait le plus pittoresque, le plus magnifique coup d’œil. Dans ses contre allées, qui déjà formaient des dômes de verdure, se développait en longues files onduleuses une foule parée, parfumée, rieuse, coquette, se retrouvant là dans ses vaporeuses toilettes du matin, sous les arbres, comme elle l’était la veille aux Italiens, comme elle le sera le soir à l’Opéra, toujours empressée de voir et d’être vue… Et sur la chaussée, dans un indescriptible pêle-mêle, se croisaient en tous sens de nombreuses et bruyantes cavalcades, une multitude de voitures.

Entre les plus élégantes se faisait remarquer un charmant coupé gros bleu, doublé de satin blanc, attelé de deux délicieux chevaux isabelle, pleins de feu et d’ardeur, aux crins nattés entremêlés de rubans bleus, menés à la Daumont, et suivi de deux grooms en tenue parfaite, riche et de bon goût, montés sur des chevaux de prix.

Ce leste et brillant équipage, d’une irréprochable élégance dans tous ses détails, aurait attiré les regards, quand bien même le cortége d’élite qui se pressait aux portières de la voiture n’eût pas appelé l’attention sur la jeune femme qui l’occupait seule : sa ravissante figure, ses manières pleines d’aisance et de distinction, justifiaient, du reste, l’ovation incessante dont elle était l’objet, et l’empressement de ses nombreux admirateurs.