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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/132

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— Comment ! ce qu’il me fait que Julien soit enlevé à sa femme et à ses enfants ? répliquai-je inconsidérément.

— Eh ! d’où connaissez-vous donc ces gens-là, pour leur porter un si vif intérêt ? demanda M. Duval d’un air narquois.

Je sentis ma faute… mais aussi qu’il est difficile de peser toutes ses paroles ! Troublée, je ne savais plus que répondre.

— Oui, où diable avez-vous été les pécher ? ajouta-t-il.

— Mais, mon Dieu… c’est très-simple… madame Julien… est ma raccommodeuse de dentelle… elle est venue ce matin me raconter son affreux malheur, et je lui ai promis de m’intéresser à son mari. Je vous en conjure, Eugène ! ajoutai-je du ton de la prière, pour l’amour de moi, mon ami, faites une démarche en sa faveur. Il n’a pas commis de crime ; son opinion lui a fait commettre une imprudence.

— Eh ! que voulez-vous que j’y fasse, moi ? interrompit-il ; il n’avait qu’à se tenir tranquille, on ne l’aurait pas mis en prison. Voilà qui est bien intéressant, n’est ce pas ? Ça ne fait-il pas pitié ! Un ouvrier avoir une opinion, se mêler de faire de la politique ?

— Eh bien ! oui, il a eu très-tort. Mais il ne recommencera plus, j’en suis sûre. La leçon lui profitera.

— Voyons, mon ami, continuai-je instamment, soyez bon pour moi qui vous en prie ; habillez-vous, vite,