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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/133

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allez chez le ministre, dites-lui que vous connaissez ce jeune homme pour un bonnête père de famille ; qu’il a été entraîné à faire une chose répréhensible peut-être, mais dont il ne pouvait connaître toute la portée. Et soyez-en sûr, quand le ministre verra que vous vous intéressez à cette affaire, il ne voudra pas vous désobliger en poursuivant avec la dernière rigueur votre protégé ; un député (M. Duval était déjà député alors), un député est compté pour quelque chose enfin… sa protection est beaucoup pour un pauvre ouvrier ; en répondant de sa bonne conduite à venir, vous pouvez lui ouvrir les portes de sa prison… Oh ! faites cette bonne action, Eugène, je vous en supplie, mon ami.

Je disais tout ce que je pouvais pour flatter sa vanité et intéresser son cœur.

— Ah ça ! ma chère, vous perdez la tête ! me répondit-il ironiquement. Comment ! vous imaginez… qu’un homme comme moi… ira se rendre caution, auprès d’un ministre, d’un chenapan, d’un misérable conspirateur de taverne ?… Vous déraisonnez, en vérité. Mais, ce que vous dites là, n’est-ce pas, est injuste aussi, Eugène ? m’écriai-je. Ce malheureux jeune homme ne mérite pas qu’on le traite ainsi, et ensuite, accorder assistance et pitié au malheur ne compromet jamais personne…

— Vous n’avez pas le sens commun, vous dis-je.

— Pardonnez-moi, j’ai le sens commun… répliquai-je révoltée de ce ton de sarcasme mis en regard de