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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/144

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Six semaines s’écoulèrent, six siècles !… dans un si lence de mort de la part du pauvre prisonnier, à qui toute communication était interdite avec sa famille ; dans d’affreuses alternatives pour nous qui les passames à implorer indulgence pour lui, à intercéder, à demander quelque adoucissement à l’horreur de sa position.

Je dis nous, parce que ces cruelles démarches, je les faisais avec la pauvre Marie qui, seule, aurait succombé aux terreurs, aux tortures réservées à la femme d’un prisonnier politique !

Toutes deux vêtues de noir, le visage recouvert d’un voile qui cachait notre rougeur et nos larmes, accompagnées de Saint-Jean, qu’il m’avait bien fallu alors mettre dans ma confiderice… ensemble, nous avons parcouru bien des fois les sombres et sales corridors du palais de justice ; nous nous sommes assises tremblantes, épouvantées, sur le même banc que des figures hideuses, gardées à vue par des gendarmes, en attendant des heures entières la faveur d’une audience, dans le bouge infect qui précède le cabinet d’un juge d’instruction…

Non, non, à moins d’avoir passé par là, on ne peut se faire une idée de pareilles épreuves… C’est un songe pour d’avoir pu les supporter un moment. Mais je le savais, l’avotat me l’avait dit : mon assistance, mon concours dans les sollicitations de l’humble femme de l’ouvrier auprès du juge chargé d’établir la culpabilité de son mari, auprès de tous ceux qui de