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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/150

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je parle, il était déjà capitaine attaché au corps royal du génie à Paris, et fort répandu dans le monde, où ses excellentes manières, sa réserve et sa modestie naturelles lui avaient acquis beaucoup de sympathies. Il possédait quelque fortune, je crois, au moins en avait-il les apparences aisées dans son existence de jeune homme.

Et le lendemain de cette fête, à trois heures, dans le pauvre logement lambrissé de la rue Saint-Dominique, se passait une de ces scènes intimes dont les impressions ne s’effacent jamais.

Ce que j’éprouvais en arrivant chez Marie ne peut se traduire : c’était du bonheur, et comme de la honte… au fond de mon âme était la conscience d’une bonne action, et la rougeur couvrait mon front… Les expressions me manquaient pour apprendre à Marie comment un jeune homme qui n’était ni mon mari, ni mon parent, allait venir me trouver chez elle… Et cependant, mes yeux brillaient de joie quand je me jetai dans ses bras en lui disant :

— Ne pleure pas, Marie, aie confiance, il va venir quelqu’un qui sauvera Julien.

Et, avec moi, elle crut, elle espéra… parce que quand on en est à son premier malheur, l’espoir, c’est la certitude.

Le coup de sonnette qui annonça Albert retentit dans mon cœur… Je m’avançai vers lui, entourée de Marie, de ses charmants enfants, de sa vieille mère…