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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/156

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Les démarches tentées pour le sauver, nos espérances, il les connaissait par son avocat avec lequel dans ces derniers temps il lui avait été accordé la faveur de communiquer ; mais notre plan arrêté, il l’ignorait encore.

Il l’apprit ; nous avions craint de la résistance… maintenant nous craignions qu’il ne succombât à la joie ! la force de volonté seule avait résisté… les forces physiques étaient réduites… De l’air, de l’espace, sa femme, ses enfants, sa mère ! Mais, pour revoir tout cela, il eût consenti à tout, à tout, excepté à une lâcheté, à une trahison,

Il ne pouvait croire à tant de félicité !

— De ma prison être transplanté en Suisse, disait-il avec exaltation ; dans cette belle Suisse après laquelle j’ai tant soupiré, sans espérer jamais l’atteindre ! où mon imagination d’artiste me fait rêver de si poétiques jouissances !… Vous voulez donc que votre souvenir soit dans mon cæur une éternelle action de grâces ?… ajouta-t-il en attachant sur moi son regard humide et brillant.

J’ai compté de bons moments, Aline, dans cette triste épreuve…

À présent que tout était expliqué, accepté, Julien et Marie déliraient de joie. Et avec cette mobilité d’impressions qui appartient à la jeunesse, la physionomie tout à l’heure si dévastée du pauvre prisonnier avait repris de l’animation, l’expression du bonheur.